Au début était le rythme, la construction, la pulsation, l’écriture chorégraphique qui, comme toujours, évoque pour moi l’acte poétique extrême, la tension entre deux forces apparemment contradictoires qui font et défont nos vies : le formel et le charnel, l’abstrait et le concret, le froid et le chaud, le rêve et la réalité. Après la définition de cette écriture, je lui donnai un nom : Ulysse.

Ce titre venant après coup, le hasard et l’inconscient pouvaient tisser le fil. Peu après, je relisais Homère et Joyce, et réinjectais dans la danse quelques signes singuliers d’après-lecture.

Ce ballet, cette chorégraphie, cette danse une fois née, me servit de matrice pour la création et pour mes reprises en 1984 et 1993. A chaque fois, je traduisais et adaptais, en les recréant, les interprétations qui pouvaient naître au fil du temps.

A la demande de Brigitte Lefèvre, Directeur de la Danse, je reprends aujourd’hui Ulysse pour le Ballet de l’Opéra National de Paris, avec des changements importants. Ulysse devient Les Variations d’Ulysse.

La musique — totalement nouvelle — a, été composée par Jean-Pierre Drouet (c’est une commande de l’Opéra).

La chorégraphie s’amplifie à une quarantaine de danseurs. Variations, comme pour une partition musicale. Imaginons un quatuor qui doit être réécrit pour un orchestre symphonique : il faut trouver le développement de cette écriture. Cette nouvelle mue propose une « lecture » différente, s’enrichissant des particularités du Ballet de l’Opéra.

La scénographie et les costumes — revisités pour ces Variations — son signés par Jean-Yves Langlais. Les lumières seront créées par Dominique Bruguière.