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Les survivants

Le titre : « Les Survivants » ne vient pas d’une éventuelle catastrophe qu’il faudrait illustrer ou imaginer, mais d’un hommage à la mémoire et au souvenir.

On pourra toujours se raconter une histoire d’apocalypse, mais en fait, ce qui m’intéresse c’est la forme abstraite d’une idée ou d’une action, toucher à l’entre-deux et faire vivre de manière complètement ce qui semble opposé.
Ainsi va ma danse, mélangeant en une subtile alchimie, l’utilitaire et le sacré, le corps et l’esprit.
Pour les « Survivants » nous nous sommes souvenus avec les danseurs de certains mouvements d’une précédente chorégraphie, d’où le titre (on aurait d’ailleurs pu intituler ce ballet les « Souveneures » ou les « Mémorables »). Puis nous avons essayé de transformer ces mouvements, de les prolonger, de les recréer.
Tout était facile car une fois la piste ouverte, la danse a pris le pas sur le prétexte et (comme l’oiseau qu’on libère), a déroulé sa propre logique, sa propre histoire. Debussy disait : « En art, le tout est de pouvoir commencer, de trouver le début ».
Je dis souvent pour faire comprendre mon travail que je fais de la musique visuelle ou du rêve éveillé. Parfois ce sont des cauchemars, mais l’idée du rêve est souvent significative.
Pour reprendre la première idée, je dirais que la musique (celle d’Henry Torgue par exemple) est l’art qui permet le mieux l’émotion narrative, au sens continu du terme, c’est-à-dire la continuité logique de l’abstraction sans donner une seule image concrète.
Quant au rêve, on peut facilement comprendre cet exemple. Les idées, les images, les histoires qui nous viennent durant les songes, sont d’autant plus vivantes et logiques, qu’elles sont absurdes et fantasques lorsqu’on s’éveille.
Je dis souvent, aussi, que ma danse est une œuvre ouvert et cela pour permettre au spectateur de développer son propre imaginaire. Je crois à l’intuition du spectateur, c’est une notion qui se perd en ces temps où l’on choisit et où l’on pense pour nous. La musique, les images, les costumes l’environnement scénographique et musical sont là pour inviter le spectateur à élargir son champ de conscience, à le faire dériver selon son désir, à travers un spectacle total.
Il y a aujourd’hui une « pensé danse » comme il y a une « pensée litteraire » ou « picturale ».
Cette pensée peut développer un univers au-delà de la théorie. Les images, les idées ne seront plus emprintées mais viendront directement de la choregraphie.
Je ne pouurais d’ailleurs jamais limiter ma danse à la seule théorie. La danse elle-même ne le permettrait pas. (Comme l’enfant qui grandit) elle produit sa prope forme, changeante et différente au cours du temps.
Jean-Claude Gallotta